La vie vagabonde et des idées de déco
Feutre et acrylique sur papier, 50 x 40 cm
On avait juste un peu perdu notre route. La villa n’existe peut-être plus. C’était de la pierre tendre et une grave solitude. On l’avait trouvée par hasard et couverte de graffitis. Valentine aimait vivre pour rien. Les hommes avaient créé dans ce pays tant de richesses et c’était un projet tout simple. Valentine aimait décorer les façades des maisons abandonnées avec nos images et quelques mots écrits. J’ai reproduit ici son bateau sans voilure. Un bateau tout noir avec quelques passagers. Elle l’avait dessiné en mâchonnant une tige de lavande et aujourd’hui il revient dans mes souvenirs. La grande maison en ruine se couvrait de pittoresque mais notre attention était portée aux détails. Il fallait s’efforcer de tout remplir et on s’élevait artistiquement en se faisant la courte échelle pour satisfaire notre exigeante décoration. Les parties inatteignables nous laissaient follement épuisés puis notre entreprise s’égaillait dans les joies sensibles. Nous vivions au milieu d’oiseaux bizarres et on entendait le vent qui s’engouffrait dans la forêt. Le toit de la villa était ouvert comme une vilaine blessure et lorsque la nuit apportait sa tiédeur, les étoiles éclairaient deux corps qui dormaient dans leur lit d’ombres et ils étaient parcourus par le même songe.