Quelle panique !

Quelle panique !

Feutre et acrylique sur papier, 18 x 13 cm

  C’est un géant aux moustaches d’argent. Il va retrouver le monde des hommes et les punir de leur lâcheté. Il est cruel et sanguinaire. Nous allons subir à l’infini la violence de l’animal.

  Il avait été laissé seul, abandonné sans remords sur la route des vacances. C’était un petit chat effrayé, une minuscule boule de poils, mais lorsque vous êtes jeté, perdu, abandonné, il y a en vous une sourde colère. Vous cédez au sang lourd de la haine et de la rage. Le petit chat avait survécu. Il chassait des oiseaux, des poissons, des rats ou des mulots mais sa haine était obsessionnelle et il ne pouvait oublier. Il sentait sa colère monter. La boule logée dans son ventre grossissait de plus en plus et son désir de vengeance né de son ressentiment était monstrueux. Il s’agitait violemment en secousses brusques puis le chat enflait par à-coups et grandissait démesurément. Il devenait un chat géant avec des griffes puissantes et ses mouvements étaient effrayants d’agressivité. Il courait plus vite que le vent. De retour parmi les hommes, la panique s’est installée. Les égarements de la nature avait créé quelque chose de terrifiant et le monde bascula. L’angoisse dévorait l’esprit des gens. Le chat semblait invulnérable et lorsqu’il apparaissait, les hommes voyaient le diable. Il était enragé et il épouvantait leurs vies. Ses attaques étaient de plus en plus violentes. Il emportait les enfants et les torturait avec un plaisir sadique. Il savourait leur chair mais il évitait la cervelle, un organe interne, gris et imbécile…

  Oh ! Jean, cette histoire est d’une balourdise ! J’étais arraché du sommeil. Je pensais simplement avoir mal dormi mais j’ouvris les yeux et jetais un grand cri. Je ne puis décrire mon état de terreur. Au dessus de moi, l’immense chat bleu déchirait mon corps en lambeaux. Je n’étais plus qu’une cervelle nue, grise et imbécile. Pourtant je n’ai jamais fait de mal aux chats.