Ma soirée chez les Destouches

Ma soirée chez les Destouches

Feutre et acrylique sur papier, 24 x 18 cm

Certains montages plaisants et hors du temps peuvent trouver terrible désillusion et ils sont enfermés dans l’enfer de ma mémoire. J’étais tombé dans le piège infernal d’un couple étrange et ami lecteur, vous serez le témoin impuissant de mon propre avilissement.

J’ai péché par adultère avec la plupart des épouses des génies littéraires et avec Madame Almanzor, je voulais imprégner très fort sa grâce de mes péchés. C’était l’hiver, il faisait nuit, j’étais au pied d’une grille en fer forgé et à l’arrière, l’antre des Destouches faisait face à la Seine. A l’étage, il y avait Madame Almanzor qui attendait et j’avais déjà les mains qui se tendaient. Dès la porte franchie, j’avançais dans une animalerie avec des hérissons, des chiens, des oiseaux et il y avait des crottes partout…des crottes éparpillées partout…des points de suspension…une invasion…t’imagines la suite…des animaux…du caca…de la crotte et puis un vieillard qui semblait dormir dans un fauteuil de bois avec un chat crevé sur les genoux et juste à côté…Madame Almanzor ! Tout te repousse mais Madame Almanzor fascine. Elle était ivre, elle tenait à la main un tambourin espagnol et de l’autre, elle se caressait en faisant des pirouettes. Je restai un moment ébloui et je ne cessai de fixer ses cuisses, puissantes et belles comme des montagnes, des cuisses de danseuse qu’elle écartait complètement pour faire voir un sexe géant qui ruisselait. C’est elle qui s’est jetée à mon cou, j’embrassais son grand front et je pinçais un sein. Combien de femmes de grands écrivains ai-je séduit ? J’allais la prendre d’une poussée brutale lorsque je sentis le doigt fébrile du vieillard me pénétrer à l’arrière pendant qu’un perroquet volait au-dessus de ma tête en répétant une phrase grossière. Les chiens grognaient. Les rêves des démons sont des crimes au bout des cauchemars. Je fis une grimace et commençais à me débattre puis je poussais un cri profond. J’avais été piégé par un comportement incompréhensible et les pulsions abjectes d’un couple vivant dans une solitude démoniaque. Je me suis enfui en prenant mes jambes à mon cou et je me suis jeté dans la Seine. L’eau glacée m’écrasait la poitrine mais je réussissais à gagner l’autre rive. J’étais sauvé.

Dans mes pratiques auto-érotiques, j’ai cessé de cocufier les grands écrivains. Je séduis désormais les mères des génies littéraires. Il y a eu Madame Proust et puis Madame Rimbaud, «La Rimb», «La Mother», un gros morceau.