L’homme était jeune

 

                                                                                                  Une audace charmante

 

Huile sur panneau bois, 117x 112 cm

L’homme était jeune et vivait au fond d’une vallée dans une solitude choisie. Il apparaissait à la lisière de la forêt pour libérer la puissance de son mystère. Son geste était une audace charmante et une délicatesse. Notre vie est défiée par la mort et ce personnage anagogique des sous-bois se dévoilait ainsi à la limite de l’obscurité et de la lumière. Il exprimait dans son acte muet une angoisse secrète et une grande sensualité. Il pouvait être un modèle d’inspiration et un développement créatif devait affirmer le sens de son expression.

J’étais venu à son heure habituelle avec quelques tubes de couleurs et des pinceaux. Je voulais le peindre sur un panneau de contreplaqué que j’avais couché dans l’herbe. Mon personnage était resté à la limite du bois. Je distinguais mal sa silhouette et il n’osait plus s’exprimer de manière habituelle. Il voulait garder ses codes de représentation et il ne souhaitait pas une autre interprétation. Je me rappelais la prose illuminée de Hello : « Car son arrivée consiste dans un éternel MAINTENANT, et un éternel désir renouvelle éternellement les joies de l’arrivée.»

Il s’était éloigné et je fis son portrait sans lui. J’avais inquiété ses pensées mystérieuses, il s’était dérobé et j’avais fait son portrait sans ses pensées et sans son accord.

Je ne l’ai plus jamais revu.