Acrylique et pastel sur carton, 76 x 68 cm |
Une journée entière sous le vaste ciel avec le ravissement du soleil. Nos corps assoupis dérivent et se bercent, dans les grandes herbes un frisson léger froisse la lumière…
– Jean !
J’entrouvre les paupières et une rixe d’étincelles envahit mes yeux.
– JEAN !
Je veux encore caresser sa chair.
– JEAN, IL Y A DES CYGNES !
Mes yeux sont ouverts dans l’espace chauffé de bleu.
– IL – Y – A – DES – CYGNES – QUI – AVANCENT !
Doucement au fond de ma bouche coulent les mots de Rilke : « Infiniment silencieux et sûr, toujours plus royal, plus assuré et plus indifférent, le cygne daigne s’avancer.»
– JEAN ! ILS SONT DEUX ET ILS NE CESSENT D’APPROCHER !
Mes mains glissent sur ses hanches.
– ILS – SE – RAPPROCHENT !
Elle se débarrasse de mon étreinte.
– JEAN !
Je murmure que l’accouplement de la belle Léda avec un cygne avait inspiré les peintres …
– JEAN !
…et je récite : « Léda guidant le cygne robuste entre ses jeunes cuisses infléchies…»
– MAIS – ILS – SONT – DEUX – ILS – SONT – DEUX ! !
Je dis qu’elle sera comme ce lac alimenté par deux rivières…
– ILS MONTENT SUR LA BERGE !
…et dans les grandes herbes agitées par les mouvements d’extase, la beauté sera jouissive ou ne sera pas.
– BON – JE – PARS !
Je me relève lentement.
– AH ! JEAN ! ENFIN TU ARRIVES, OÙ ALLONS – NOUS ?
Je lui propose un joli rôle dans un de mes tableaux.