Maison de ville
On y circule sur des cartons mouillés. Des moisissures lentes percent les murs. Les gouttes de pluie passent les étages et ces ruissellements alimentent la pourriture des planchers. Les pièces de la maison sont dans la tentation des vilains poèmes. Les rideaux demeurent fermés et certains sont arrachés des plafonds. Dans la plus petite chambre, des moquettes collées aux murs prennent l’allure des marécages à la mauvaise saison. Dans cette pièce sombre, nos pieds heurtent des jouets sales et écrasent les morceaux d’un miroir brisé où brillent les caprices de lumière d’une nuit blanche. Plus bas, un escalier fendu mène au sous-sol. Dans la cave, le plafond est bas et la terre est nue. Sous la terre des Blanche-Neige sont alignées, petites filles affolées. C’est une douleur ancienne puisque leur chair est putréfiée et la terre les a absorbées. Elles rêvaient d’un baiser du soleil mais un fouet les a fait danser et l’amour est foudroyé.
Les petites filles grondent sous le manteau de la terre.
Acrylique et pastel sur carton, 86 x 68 cm