Sous ses douces ailes
Feutre et acrylique sur papier, 30 x 30 cm
La vie ne doit pas être une horrible banalité et j’appelle à ne point juger les passions les plus délirantes. Tu seras amoureuse d’un oiseau mais tu vas y laisser des plumes. Depuis quelques jours, tu l’observes du coin de ton œil. C’est un oiseau devenu citadin, un oiseau des villes. Il est installé au sommet d’une petite construction. C’est l’été et dans ta mansarde la chaleur est lourde comme un manteau d’or. L’oiseau s’est approché jusque sur le rebord de ta fenêtre et il va arriver quelque chose de très étrange. Tu éprouves un grand désir charnel et à partir de ce moment, tu ne peux plus imaginer agir autrement. Tu as soulevé ta robe pour offrir à l’oiseau la beauté ouverte de tes cuisses blanches et brûlantes. Vous vous êtes égarés ensuite dans des heures mystérieuses mais tu souffriras de toutes les douleurs de l’amour. Plus tard, tu accoucheras d’un enfant mort-né plein de plumes et de griffes. Tu dissimuleras le cadavre au sein d’un bosquet. Tu hurleras toute seule, le visage déformé par la douleur d’avoir perdu ton bébé. Aucune passion ne s’est achevée plus affreusement. Tu sens que ta conduite est désapprouvée et on te regarde comme celle dont l’existence a fait faillite. Nous découvrons malgré tout que nous sommes unis aux animaux de manière bien plus conséquente que nous l’imaginons mais il y a que nos sens et nos désirs qui approuvent ce genre de passion même si nous agissons parfois tout à fait consciemment comme lorsque nous leur donnons notre cœur.