Une âme sombre

Une âme sombre

Feutre et acrylique sur papier, 18 x 13 cm

Elle cherche son regard. Elle a une rougeur de fille timide et ce n’est pas une aventure banale. Elle retire sa robe bleue.

Sa tête est tirée en arrière. L’homme pousse un cri affreux. Elle lui coupe la grosse artère du cou. Il cesse de se débattre. Elle pose son visage contre le sien. Noyées dans l’ombre, ses belles mains de fille esquissent des gestes étranges puis elle pose un baiser sur le front glacé. Plus tard elle dissimule le corps. Ce sera une vilaine forme pelotonnée sous une couverture de laine. Son cœur à lui ne pourra plus aimer.

Une douce pluie. Le printemps va apparaître. Les portes et les fenêtres sont grandes ouvertes. Les vrais moments sont heureux et les désirs s’épanchent dans le cœur. Les sentiments sont simples, pleins de bonheur. L’homme est merveilleux et la femme lui offre son âme. Cette nuit, ils admirent la lune avec de belles pensées et de grands baisers. La lune a une douceur de velours. Dans la nuit obscure, elle fait naître le rêve d’un amour d’éternité.

Il est étouffé sous l’oreiller. Longuement. Et il pousse de lugubres gémissements. C’en est fini de cette vie si romanesque. Sa mort est grise et mauve. Elle détourne la tête.

Elle cherche ses lèvres. Sa langue traduit toutes ses pensées. Il sent frémir toute sa chair et voilà qu’elle se dévêt lentement.

Au sommet d’une tour, à une hauteur vertigineuse, elle prend l’apparence du diable. Il se jette tout seul dans le vide. Elle murmure une petite chanson.

Elle écarte les broussailles et les ronces aux épines malveillantes. Ici commence une tendre histoire. Ils se parlent à voix basse et se serrent dans les bras. «Personne ne doit savoir.» Elle pleure d’émotion.

Il est mort dans un fracas d’éclats de vitres avec une culotte entortillée au fond de la gorge. C’est la fin d’une passion étouffante.

Dans le ciel il y a des nuages qui disparaissent. Elle est faite pour la tendresse. L’important c’est d’aimer. Il faut fermer les yeux et se laisser emporter.

La porte est verrouillée. Dans la cave, il y a que des vieilleries et il est mort de faim.

«Est-ce que tu m’aimes?» demande-t-elle en souriant. Il savait qu’en l’embrassant il se perdrait. Béni sois-tu mon ange irrésistible.

L’eau coule. Sa tête est plongée dans l’eau de la baignoire. Malgré sa frénésie de survie, il n’échappe pas à l’horrible suffocation. Une importante quantité d’eau est avalée.

Ils s’aiment. Elle a une bouche comme une grande cerise et des dents de petit chien. Il fait froid  et humide. La plage est déserte et l’odeur de la mer les enivre. Elle a les genoux écartés. Il est mort comme Pasolini, battu à mort et écrasé par une Alpha Romeo dans une profonde obscurité.

Ils sont seuls désormais. Elle a maintenant la tête rejetée en arrière et elle se laisse aller. Il est heureux. Par la fenêtre, elle aperçoit la lumière cruelle d’un ciel d’hiver.

Il s’est incliné en arrière pour mieux la voir et ses deux grandes mains lui caressent le visage. Aucune femme n’est aussi belle. Il veut subvenir à tous ses besoins.

Il rampe dans la neige avec un couteau planté dans le dos. Elle est charmante devant le juge. Tu peux rencontrer quelques survivants dans le sombre parloir de la prison.