La joie
Feutre et acrylique sur papier, 20 x 20 cm
Dans les villes gigantesques se dérobe la joie. Sous l’image noire et basse du ciel, seule se dégage quelquefois l’hallucination courte d’un petit soleil blême. Les femmes et les hommes vivent mais d’autres meurent et dans des états passablement fâcheux. A l’occasion de rares rencontres, certains se couvrent de larmes ou de baisers dans des murmures de lèvres qui font naître aussi des soupirs charmants et légers. Mais l’homme veut toujours tout, les années passent et la femme est devenue un petit poisson mort parfois couvert de crachats. Dans leur tête s’installe la haine qui grandit. Leur vie est une porte fermée mais l’homme continue à se caresser l’objet aimé. L’homme gère ses désirs et la femme contrôle ses dégoûts. Les paroles ne sont pas abondantes et souvent la femme pleure en silence. Aussi bas qu’ils soient tombés, ils finissent par s’y habituer comme on s’accommode du déclin du monde et des espaces de misère qu’on a créé. Le bonheur de la femme est une tendresse ancienne mais ce soir sa poitrine est brûlante et elle ne va rêver qu’au féminin. Elle invente une terre joyeuse, recouverte de plaines et de forêts irriguées de sources d’eau vive et rafraîchies de brises caressantes. Sur les pentes de verdure, des cérémonies merveilleuses ne célèbrent que la beauté féminine avec des valses lentes et des délicatesses qui demeurent. On entend les abeilles sur les fleurs et dans les lumières roses, les colombes chantent des douceurs qui n’en finissent pas. Et voilà la clef d’une terre de lumière et de joie.