Dans le domaine des Tolstoï

Dans le domaine des Tolstoï

Feutre et acrylique sur papier, 10 x 15 cm

Certains montages plaisants et hors du temps ne peuvent trouver désillusion. Les pratiques auto-érotiques peuvent merveilleusement les créer et rien ne détermine le lieu ou les limites de ces manières enchantées. 

Il était dix heures du matin, nous étions en octobre et il tombait une pluie légère. Chaque goutte d’eau pénétrait le végétal de manière confuse et la nature se chargeait d’odeurs transpirantes. Madame Tolstoï me recevait dans son salon. J’avais laissé dernière moi la longue file de bouleaux qui menait à la célèbre bâtisse blanche et je portais un costume historique qui me permettait de remonter le temps. Madame Tolstoï avait apprécié mon élégance mais elle m’accueillait en plein désastre conjugal. Elle était révoltée par les inconvenances de son époux. Léon Tolstoï était parti pour une longue promenade à cheval et devait surveiller des travaux de labourage. Madame Tolstoï me prenait à témoin de leurs malheurs communs et semblait affectée par l’état de «son misérable corps» abîmé par de nombreuses grossesses et fausses couches. La femme de l’écrivain était presque nue à côté de moi. Je contemplais avec bienveillance les crevasses de ses seins. J’avais posé ma main sur la sienne tandis que de l’autre je retirais mes dentelles tout en fumant tranquillement mes cigarettes. Je rassurais Madame Tolstoï en affirmant que je préférais le corps usé de la femme d’un génie, aux corps de plusieurs jeunes et jolies vierges. J’ajoutais que Madame Hugo avec qui j’avais eu une agréable aventure, fut la première à me déniaiser dans ce domaine. Et celle-ci avait aussi eu des rapports compliqués avec son célèbre époux. Madame Tolstoï rajusta sa coiffure puis elle gémit et manifesta une hâte inquiétante pour une jouissance profonde.