Déception
Feutre et acrylique sur papier, 40 x 40 cm
Un bel après-midi d’avril. Une journée très lumineuse. Cela pouvait être une belle histoire assurément. Il y a deux personnages: Florence, la jeune fille et Félicien, le joli chevalier.
Félicien, le joli chevalier: L’air est doux et frémissant. Voilà un beau ciel de printemps. Les oiseaux chantent au-dessus de nos têtes et s’en vont avec le vent.
Florence, regardant tout droit devant elle: Mon chevalier, je resterai pour vous une femme fort fidèle et très aimable et j’aime tant votre château.
Félicien, le joli chevalier: Je vois que ton ventre est fécondé depuis cette belle journée de septembre. Nous nous étions baignés dans la petite rivière qui coule au milieu des prés. La nuit était tombée sur nous comme un gros tas de laine et nous étions étendus sous un vieux chêne. Aujourd’hui, tes seins gonflés et ton ventre arrondi sont une jolie surprise même si je n’en avait pas tant envie.
Florence, d’une voix naïve et continuant à regarder tout droit devant elle: Vous êtes beau, vous me parlez de manière tendre et vos yeux sont si doux. Je suis trop heureuse que vous m’acceptiez avec mon gros ventre et me ferez vous venir un joli trousseau de Paris? J’aimerais aussi que vous me présentiez à votre famille, connaissances et confréries.
Félicien, le joli chevalier, haussant les épaules: Tu as pour moi une passion peut-être trop extravagante et c’est une chose trop grande à supporter. Je t’ai possédée avec tendresse mais les fruits de la passion sont encombrants et en les acceptants nous cessons d’être libres. Jamais je ne t’oublierai mais je ne veux pas d’une vie de remords à ne point vivre et les filles impatientes ne sont pas toujours celles que l’on préfère. Excuse-moi mais j’attends des amis et le salon doit commencer à se remplir.
Florence, les larmes aux yeux et d’une voix douloureuse: La vexation va s’effacer en moi bien difficilement et il y a des cruautés salutaires.
À cet instant, un orage se met à éclater avec violence. Un voile noir dérobe du soleil sa lumière et le ciel s’embrase de mille flambeaux et éclate de mille tonnerres.
Florence, hurlant: Que la foudre t’anéantisse! La honte amène la vengeance!
Il semble que le ciel tout entier est armé, Félicien frémit et tire son épée, il veut se mesurer au ciel mais le joli chevalier reçoit la foudre, il tombe et il est réduit en cendres. Nous voyons ensuite renaître le jour, le tonnerre ne gronde plus même si le vent murmure encore un peu à travers les feuilles d’un vieux chêne. Le chevalier était si beau, on entend des cloches dans le ciel et les chants des anges avec leurs voix cérémonielles. Florence caresse les cendres d’une dernière et inutile tendresse et comme beaucoup de femmes, elle élèvera seule son enfant parce que les gracieux tableaux ne durent qu’un moment.