Un récit crépusculaire

Un récit crépusculaire

Acrylique sur carton, 80 x 60 cm

La conférence qui réunissait les principaux protagonistes du théâtre mondial reflétait l’image désolante de la décomposition d’un monde. C’était le dernier jour dans ce château inaccessible à l’allure diabolique et quelques voix résonnaient encore au premier étage. Les fenêtres étaient restées allumées toute la nuit. Dehors il pleuvait. La forteresse hérissée de tourelles et de clochers luisait dans une lumière froide au-dessus des abymes. Il avait été dit qu’il serait question de la reprise des relations diplomatiques et économiques mais ils étaient tous dans une situation compliquée vis à vis de leurs opinions publiques. On ne savait pas ce que préparait le médiateur italien pour contrer l’indiscipline de certains dirigeants. Il semble que fuyant sa propre détresse, il avait quitté la réunion et s’en était allé sur les chemins de l’incompréhensible univers. Réconciliée avec elle-même, la vieille Europe avait reçu le feu roulant des critiques mais elle avait pensé cependant à une restauration monarchique…Il avait été annoncé qu’il y aurait des surprises!  Et une telle transformation pouvait être entreprise dés le lendemain avec un pacte de sécurité collectif dont on pouvait espérer qu’il ne pourrait pas être nuisible au bien général. Cette restauration monarchique serait curieusement d’inspiration révolutionnaire. Reste à savoir ce que fera la Chine après la ratification mais tant de sacrifices n’auront pas été vains. Après toutes ces heures de discussions (des lenteurs volontaires avaient fait traîner les choses), la Banque mondiale semblait accorder son soutien. Malgré tout, un rapport officiel d’un pays transcontinental situé aux confins de l’Asie et de l’Europe renvoyait dos à dos les différents protagonistes en préférant intervenir militairement plutôt que de faire un procès d’intention sans doute injustifié face aux irréprochables démocraties. Ce type de construction politique est imposé par les transformations radicales d’un monde occidental unifié par le malheur. Politiquement c’est un échec. On distribue déjà des mitraillettes dans des unités d’enrôlements qui viennent d’être formées. Le souci des occidentaux était de refuser la perspective des derniers accords qui proposaient d’éviter de maintenir leur présence en Afrique puisque la sécurité n’exigeait plus un traitement particulier pour la Russie. Historiquement, la grande et brillante démocratie d’Amérique du Nord avait été créée sur le plus terrible des colonialismes et elle demande aujourd’hui la possibilité d’une inquisition illimitée face à l’insolence de certains pays du monde arabe. Elle est passée d’une politique claire à une attitude qui ressemble à de la duplicité depuis que ces pays, pour des raisons profondément idéologiques, avaient fait détruire des caractères typographiques de la Langue Sainte. Un peu plus tard, les délégués avaient salué le retour de Garibaldi, le médiateur italien qui se prétendait médium et les occidentaux espéraient qu’il allait déplacer les situations les plus embarrassantes à distance. L’Europe avait également diffusé des vidéos de monarchistes qui furent exterminés après quelques jours de réclusion. Les négociateurs s’étaient étreints en silence. Ils quittèrent frileusement le château mais on leur annonça que l’avion était retardé par des difficultés de moteur. Karl Marx avait l’habitude de dire que dans les circonstances critiques, l’histoire fournit toujours les hommes dont elle a besoin pour accomplir ses desseins. Les armes tactiques et conventionnelles ne pouvaient plus gagner et la guerre atomique allait enfin commencer. L’hiver nucléaire engendrerait de considérables familles de monstres à l’animalité déroutante. Comme à Fatima, la Vierge délivrera un message et dans ces circonstances critiques, l’humanité avait certainement besoin d’elle pour éliminer les oppositions d’intérêts qui ne devraient pas exister.