Souvenir d’enfance

Souvenir d’enfance, une vocation.

Feutre et acrylique sur papier, 100 x 70 cm

C’était une belle journée paroissiale. L’évêque vêtu de sombre et de soie cramoisie visitait son diocèse, animé d’une grande charité pastorale. Il semblait si beau, si serein et pourtant l’église catholique vivait déjà la fin de son règne et le délitement de sa liturgie splendide qui avait servi profondément nos rêves et nos sentiments. L’évêque marchait doucement à travers le village en bénissant les fidèles venus l’accueillir et il embrassait les joues des enfants avec sa jolie bouche rose et butinante. Nous étions perchés sur le petit escalier de grès rose devant l’épicerie du village et lorsque l’évêque fut à notre hauteur, Valentine se précipita vers lui. L’évêque prit Valentine par la main et elle m’encouragea à venir la rejoindre puis nous accompagnâmes docilement le dignitaire ecclésiastique dans la douce pitié de Dieu et sous le ciel éternel de notre monde si particulier. Dans ma tête chantait la victoire du Seigneur Tout-Puissant et je ne rougis pas d’affirmer que les mains douces et vivantes de l’évêque me donnaient des sensations autrement plus violentes que la contemplation des saints de vitrail. Tout cela était terriblement poétique et charnel mais nous avons tous besoin d’être entraînés par la révélation et par l’amour de Dieu et c’est Dieu seul qui nous donne la grande force d’aimer. Il n’est de bonheur que dans la Sainte Église catholique, apostolique et romaine et je serai prêtre et peut-être même…un jour…, épiscopable !

Je bâtirai mon église au milieu des blés,

Valentine sera couronnée de vive lumière et drapée d’or,

Ce sera le commencement sans fin de nos plus belles pensées,

Nous nous protégerons du mal et nous ressusciterons les morts,

Et Valentine sous ma robe de soie cramoisie , couvrira mes bas noirs de ses baisers enflammés.

Il m’avait fallu aimer Dieu beaucoup trop, pour à ce point l’oublier et ne plus savourer que ma petite existence et sa douce frivolité.