Cargo
Acrylique sur panneau bois, 238 x 122 cm
C’est une image–modèle d’une affligeante banalité et nous pensons certainement l’avoir déjà vue des centaines de fois. Le cliché est d’une tendance lourde, le cargo est une grosse masse pesante probablement grignotée par la rouille et autour de lui la mer étale sa bave noire et vivante. La littérature nous fournit également des formes majeures de banalité en décrivant par exemple la situation d’un homme qui serait victime d’une tragédie sentimentale et qui disparaîtrait dans les entrailles d’une grande ville disposant d’un port. L’homme va longer tous les soirs un canal d’eau froide et graisseuse qui va le mener au quai de pierre où un navire pourrit lentement comme un fantôme prisonnier maintenu par de vieilles aussières accrochées à une borne de fonte. Le cargo a besoin de la volonté de l’homme pour repartir et ce soir l’homme va le détacher avec des manières rudes de marin. Notre personnage est maintenant seul à bord et il n’avait jamais navigué mais le cargo glisse loin du quai et le voilà déjà en mer. La ville portuaire ressemble à présent à un petit objet poétique et des flammes roses se perdent dans le ciel. L’homme porte un costume sombre et un tricot rayé. Il semble piloter sans difficultés le gros cargo et il va cracher sa chique. Voilà certainement le début d’une balade en bateau.