Une rousse

Une rousse

« Wenn das Dach rostet, ist das Keller feucht. »∗

Acrylique sur panneau bois, 244 x122 cm

C’était un automne avec son odeur qui te prend le cœur, te le décroche et te le fait basculer. Les feuilles mortes se détachaient et s’attardaient sur des branches puis finissaient leur course à la surface d’un étang d’eau morte. La météo annonçait une belle journée. Monika avait emporté de quoi pique–niquer et l’homme avait acheté des cervelas. La jeune femme était un gros cierge brûlant et un ange de perdition. Elle avait d’abord retiré sa jupe à carreaux puis son pull-over orange. Sa respiration était haletante et de longs frissons secouaient le corps blanc et gras de Monika. À côté d’elle, l’homme avait déboutonné son pantalon et s’agitait nerveusement en grognant comme un animal. Il dévorait des yeux le large derrière de la fille mais elle avait déjà ouvert ses lèvres pour dire que l’envie se consumait. La flamme de son regard s’était éteinte et Monika restait assise au sol dans une étrange immobilité puis elle fixa la terre entre ses deux pieds…

Les femmes ne vont pas toujours au fond de leurs passions et l’homme quitta Monika dans la beauté de l’automne et des paysages. Le soleil continuait à briller mais avec une lumière plus pâle. Le cœur de l’homme était enragé et voilà encore un gros déçu voué aux tambours de guerre. Son désir furieux s’était éveillé dans la confusion de l’équivoque mais Monika n’était pas une fille de plaisir. Plus tard, une feuille d’automne rouge et dorée se déposa sur l’épaule de la jeune femme et puis remuée par le vent la feuille s’envola librement, comme une petite lumière qui monte dans la nuit.

Qui ose encore se faire des idées et pourtant dans l’indigence de notre vie, nous interrogeons sans cesse des formules sournoises tellement conformes au sens commun et dont personne ne doute.

∗ Il s’agit de traduire sobrement la vilaine formule : toit rouillé, cave humide…