Soirée déguisée du samedi dans une discothèque aménagée dans un ancien garage, loin du bourg et dans un petit canton. Le soleil est déjà couché depuis longtemps.
Acrylique et pastel sur panneau de bois, 179 x 122 cm
LA NÉCESSITÉ DE S’AMUSER
L’artiste quitte sa maison forestière. Il est joyeux et sa poitrine palpite doucement. Il pointe un bout de langue entre ses lèvres puis il rit tout seul. La discothèque organise une soirée déguisée, il n’y a rien de mieux pour s’amuser. La fête donne un sens à la vie et les soirées déguisées sont les plus réussies grâce à l’originalité des styles et des costumes. Dans le monde rien ne doit être banal et l’homme fade et aplati sera refusé à l’entrée de ces joyeuses soirées. L’artiste est déguisé en poète du Moyen Âge. Il ne porte rien d’autre qu’une longue chemise médiévale et un petit chapeau pointu surmonté d’un bouquet de fleurs. Le portier de la discothèque l’accueille aimablement. Les soirées déguisées sont nécessaires au succès d’une discothèque et les clients sont nombreux. À l’intérieur, la chaleur est énorme. La ventilation est coupée pour encourager la consommation. L’artiste s’installe près du bar avec un sourire insolent et boit beaucoup. Il se sent sublime et il a l’esprit charnel. Ici chacun cherche sa liberté dans le grand vent cadencé des danses païennes et des rêves invisibles. L’artiste repère une belle fille toute jeune et un peu isolée. Elle a des grands yeux dorés. L’artiste crie quelque chose et plaisante mais la fille va rester muette et elle continue à danser. L’artiste plaisante encore mais sans chercher à établir un processus de discussion avec sa pensée indépendante et affirmée. La fille a de belles cuisses et une jolie gorge blanche. L’artiste se sent soulevé par un gros désir. Autour d’eux la société carnavalisée se déchaîne et danse sur Rihanna. Cette fois la fille ricane. Elle est vêtue d’un voile pailleté avec deux ailes d’ange dressées sur ses épaules. Elle ricane encore. Cette fille est une chose vivante et la main de l’artiste lui caresse déjà les cuisses. L’artiste se frotte contre la petite poitrine de la fille mais un grand gaillard vêtu d’un costume de père fouettard s’approche nerveusement. L’artiste dégage immédiatement. Il rejoint le centre de la piste et les gens dansent maintenant sur Shakira. L’artiste est prêt à se mortifier et à devenir le grotesque d’un monde qui ne pardonne pas. Il danse avec énergie au milieu des vêtements bariolés et des chapeaux pailletés. La création du monde a certainement été quelque chose de compliqué parce que nous vivons dans un centre spatial et l’artiste prend dans ses bras une fille vêtue d’une combinaison de la Nasa. Il danse contre elle avec des mouvements inconvenants. Elle le repousse mais voilà un nouveau déguisement. L’artiste a retiré sa chemise médiévale et il est dans la tenue d’Adam. Il danse de manière déstructurée. Il est dans le déhanchement et il agite les bras au dessus de sa tête. Autour de lui, les filles crient et rient. L’artiste est en transe. Son corps est exprimé de façon hachurée dans des jaillissement de lumières venant d’astres lointains et maintenant l’artiste agite son sexe avec la main. Il le fait tourbillonner et il fait l’hélicoptère. Il retrouve son petit ange avec les deux ailes transparentes mais il est repéré par le service d’ordre de l’établissement. Quel malheur que les videurs ne soient pas des entremetteurs. Il n’y a pas d’indulgence pour le client perturbateur. Ils se sont rassemblés comme des vilains nuages noirs et les voilà à ses trousses. L’artiste a des hoquets. Il se précipite vers les toilettes mais ne parvient pas à maîtriser son vomi. Il stoppe brutalement et éjecte un grand magma brun et orangé. L’artiste est à présent en état de grande terreur. Il crie tellement fort mais les hommes de la sécurité lui cognent dessus et le sortent de la discothèque. Son corps éclaboussé sera balancé dans la brutale clarté du petit matin.