La chaussure Minelli

La chaussure MINELLI

Acrylique et pastel sur carton, 86 x 68 cm

Il y a le soleil d’hiver et il y a le peintre-poète dans sa maison noire avec le froid à l’intérieur de son corps jadis si beau. Le peintre-poète est toujours occupé à boire et à fumer. Le peintre-poète est le chef de file de lui-même et il écrit des petits mots pour la planète et les animaux. Il éclate parfois d’une haine effrayante lorsqu’il pense aux chairs attractives qu’il laisse aux autres qu’il abomine. Le peintre-poète finit par ne plus supporter les déchirures de ses vêtements démodés. Un jour dans une position fœtale et rimbaldienne, il craque les lacets de ses souliers mortellement blessés et il décide d’entamer sa métamorphose. Il va changer de STYLE et se défaire de la SOMBRE DURETÉ de sa vie. À cet instant il quitte sa maison noire et retrouve la grande ville et son centre commercial. Le samedi, C’EST LA FOULE, le peintre-poète a quitté l’autobus et il est dans la meute des autres. Il regarde les filles qui le frôlent (des séductrices parfumées). Il est comme un furoncle prêt à se vider de lui même mais il demeure hautain. Le peintre-poète découvre la réalité du monde extérieur mais il reste conscient de ses désirs et il est doué pour suivre son destin. Devant un magasin KIABI, il avance et il recule, il regarde et il hésite puis il pénètre dans le magasin. Derrière une cloison, il arrache l’antivol d’une veste et d’un pantalon rayés de noir et de jaune dans un style DORYPHORE. Il détale dans la rue et bouscule un vieux qui vend des roses puis il renverse une poussette BÉBÉ CONFORT. Il rit mais il y a un coup de vent et il se met à pleuvoir terriblement. Sous une pluie fantastique, il se change rapidement. Il est beau maintenant mais il manque les belles chaussures. Devant un magasin MINELLI, il avance et il recule, il regarde et il hésite puis il pénètre dans le magasin. Il file avec la chaussure de la vitrine. Elle est superbe mais c’est à cloche-pied qu’il se débine dans ce monde haletant. Il disparaît dans la foule qui le traîne, qui l’entraîne et dans son propre cœur, il entend un bruit inquiétant. Il tombe dans les pommes derrière un bosquet mais une fille parfumée le ranime d’un simple baiser. Il n’a plus sa chaussure MINELLI à son pied (le voleur a été a son tour volé) mais il se sent désinhibé et le furoncle au final de sa maturation explose dans la sensualité. «J’ai accompli mon destin d’homme libre et de poète dans la cité» dit-il.