Le refuge

 

Le refuge

Acrylique sur panneau bois, 117 x 112 cm

La nuit avait été courte. Ils ont passé la journée ensemble et ils contemplent le paysage. Ils sont sensibles à la lumière, aux ombres et aux couleurs.

— C’est beau ici, j’aime la fin de l’été lorsque le soleil s’efface doucement, dit-elle en retirant sa main de la sienne. Elle tourne la tête vers lui, elle hésite un moment puis elle ajoute :

— Le refuge est vétuste et pourtant c’est ici que je veux vivre toute ma vie mais sans toi !

Il regarde la forêt et du lointain il lui semble entendre battre son propre cœur.

— Mais oui, dit-elle, c’est vrai !

Il souffre mais il dresse la tête et il prend une voix grave :

— Il manque un arbre dans la montagne et les autres vont disparaître dans une sorte d’écroulement silencieux… es- tu vraiment décidée ?

—Notre amour chute et rechute et nos étreintes sont comme si nous n’étions plus. Notre existence commune est achevée et je veux vivre ici, sous le vaste ciel et les branches des arbres. Je serai marchande de fougères et au passage de l’hiver je marcherai de long en large vêtue d’un manteau de fleurs blanches des montagnes. Je serai heureuse. Je ne veux plus connaître d’autres réalités, la nature filtre la douleur et tu n’existeras plus… Je sais c’est difficile, soupire- t- elle.

— Ça va, j’ai compris…

Un rayon de lumière tombe sur les lèvres de la fille, l’homme ferme les yeux et sa tête glisse lentement en avant.

— J’ étais trop malheureuse. Elle réfléchit et ajoute :

— Que toute la tristesse soit en toi maintenant et le bonheur sera pour moi, je me livrerai à lui avec ardeur… Mais oui, c’est vrai !

L’homme aimerait quitter le monde et ses chemins perdus. Son âme est défaite, il ricane et il sanglote. L’homme tombe à genoux avec l’élégance du désespéré et puis quelque chose attire son attention. Il se lève d’une détente et semble déchiffrer un message plus bas vers la gauche. Il se frotte les paupières en secouant la tête.

— Mais oui, le paysage est signé, regarde en bas et c’est un artiste notoirement inconnu, toute cette histoire pour une croûte, de la peinture décorative, un simple paysage peint sur une planche de bois !

— Mais oui, dit- elle, c’est vrai !