Singe vert
Acrylique sur carton, 86 x 68 cm
La nuit est tombée et la circulation est ralentie. Il est en retard mais il arrive enfin. Il jette son chapeau sur le fauteuil et se dépouille de sa verdure. Ils se serrent la main. Il a le rapport médical mais il ne veut rien dire. Elle ne revient pas sur sa décision. Il est conscient du mal qu’il lui fait. Elle se recroqueville sur son lit. Autour d’elle, il n’y a personne. À côté de la porte, il voit son visage de singe joyeux dans un miroir accroché au mur. Il tire les rideaux et il enlève ses chaussures. Il ressemble à une prairie, une verte prairie. Elle aimait la vie. Elle dit qu’elle est incapable de se battre plus longtemps. Il détourne la tête. Il n’a plus le courage de regarder son visage dans le miroir. À chacun ses mérites. Ils vont couper le contact. Il trouve le monde plein de mystères. Elle le supplie et étouffe un sanglot en posant les mains sur son propre front. La maison était trop petite et elle s’était débarrassée de ses vieilles affaires. Sa main tâtonne à la recherche de l’interrupteur. Il reboutonne lentement son pardessus et il remet sa verdure. Soudain, tout devient si vert. Fallait-il vraiment la prévenir ?
Il aime la vie qu’il mène. Tout obéit au seul hasard et sa vie est une vie dérivante en voie de déconstruction.
— J’aurai voulu être utile, grommelle-t-il.