Apparition

Apparition

Feutre et acrylique sur papier, 13 x 18 cm

  Sa tête est inclinée et de ses lèvres tombe un soupir si profondément triste…Allons… C’est fini… Mon cheval est mort… Ma détresse est infinie…

  J’étais parti vagabonder dans les alpages. Mon cœur était plein de souffrance et je me suis égaré. Puis j’ai suivi des flèches blanches peintes sur des arbres tout en accélérant le pas. La mort est une affreuse musique mais elle n’a rien d’autre à faire entendre. Sous la force rayonnante du soleil, je pleurais et je désirais la brume au bord des précipices. Plus tard, épuisé de fatigue, je me suis assis sur une grosse pierre qui faisait obstacle à mon passage. Je suis un misérable aux vaines plaintes, un désespéré aux yeux mouillés de larmes et l’admirable paysage qui m’entourait ne parvenait pas à consoler mon regard d’orphelin. Tous les chemins menaient aux plaies de mon âme et j’étais en quête d’un refuge impossible. En me laissant glisser sur le sol, je voulais mourir parmi les fleurs en regardant le ciel…

O sombre vie, je demande grâce, cesser de vivre est mon désir…

  Au-dessus des lacs et des montagnes, le soleil livré à son instinct fuyait la lune puis disparaissait comme déplacé par un souffle. Le ciel s’était chargé d’une clarté inattendue, une lumière grise et bleue où se dévoilait à grands traits lumineux, la silhouette de mon cheval. Une promesse dans l’éternité et le ravissement. Une œuvre créée dans l’espace du ciel, révélée par la puissance du rêve et contemplée avec émotion et lucidité…

O ma vie, je pleure d’émerveillement…

  Il n’y a pas de barrière entre l’homme et l’animal. Il n’y a pas de séparation entre la vie et la mort. L’amour nous fait résister, vivre, rire, pleurer, sangloter, vaincre les abîmes profonds et les tragédies. Notre vie est éternelle dans les folles passions et les folies heureuses…

Et puis le ciel en a eu assez et la nuit est tombée comme un rideau.