Je l’ai vue

Peintre devant son tableau d'une femme aux gros seins .

« Je l’ai vue, somptueuse, dans un coin d’ombre.»

Glycéro sur panneau bois, 224 x 104 cm

L’homme a devant lui un avenir grandiose mais il a un goût pour la répétition et  il soulage sa créativité en reproduisant les mêmes images à l’infini.

Je suis né en Alsace et j’ai passé mon enfance dans un endroit particulier, la cité 14 , une cité éphémère construite dans la forêt du Rhin. L’endroit devait accueillir plusieurs milliers de personnes venues creuser le Grand Canal. C’était une architecture standardisée avec des alignements de baraques en bois et l’ensemble était si homogène qu’un jour, en rentrant de l’école, je me suis trompé de maison. La  porte était ouverte et j’ai surpris une femme déshabillée dans le séjour. JE L’AI VUE, SOMPTUEUSE, DANS UN COIN D’OMBRE. La femme poussa un cri en détournant les yeux et je détalai aussitôt.

Les hommes n’ont pas échoué, le canal a été achevé mais la cité n’était pas un lieu consacré et elle a été détruite. Il restait l’image profane et éblouissante d’un ravissement pour un instant et un goût répétitif pour retenir le plaisir du souvenir.